Textes des membres du groupe John Cage

La poésie visuelle et l’art postal deux esthétiques anarchistes par André Robèr

Quand on veut parler des esthétiques anarchistes, il convient de marcher sur des œufs. En effet, l’histoire de l’art nous montre qu’il ne faut pas être systématique et que les avant-gardes bâties et porteuses d’esthétiques anarchistes peuvent être très vite banalisées et récupérées par le marché de l’art bourgeois et/ou les institutions.

Nous oublierons celles qui ont été mises en lumière par les institutions  : l’impressionnisme, le futurisme, DADA, le surréalisme, l’Arte Povera, le Land art…

Même le street-art qui est né dans la rue grâce à des pratiques militantes et revendicatives n’échappe pas à la règle. Nombre d’artistes terminent en galerie ou sont tributaires des commandes publiques. Les festivals générés autour de cette pratique artistique provoquent un engouement d’un public sacralisant cette nouvelle forme mais cela ne génère pas pour autant un mouvement vers des œuvres d’autres pratiques artistiques.

L’institution gloutonne digère tout, même l’internationale situationniste[1] si réfractaire aux charmes de la presse et des institutions bourgeoises a eu sa première exposition rétrospective. Et Guy Debord l’un des chefs de file de ce mouvement a lui-même tout prévu en donnant ses archives à la BNF, ce qui a débouché sur une exposition[2] post mortem.

Je vous parlerai donc de deux esthétiques qui sont à mes yeux les plus anarchistes. En premier l’art postal[3], le mail-art, pratique sur le déclin depuis la montée en puissance des réseaux sociaux qui permettent des échanges, mais ne matérialisent ceux-ci que sous forme de fichiers. L’art postal, lui, comme son nom l’indique doit être timbré et passé par la poste. Il est non marchand et s’invite chez des praticiens différents. Différentes options s’offrent aux mail-artistes en herbe. :

  • La première est l’échange d’enveloppes entre artistes ou mail-artistes : celui-ci n’a pas d’autre volonté que de posséder une collection d’enveloppes diverses réalisées par des amis et connaissances ; le cercle des amis pouvant bien sûr s’étendre.
  • La seconde plus politique prend sa source dans les années de plomb quand les dictatures marxistes et les régimes des colonels brillaient de toutes leurs exactions. Les régimes autoritaires de l’est, de l’ouest et d’Amérique latine n’ont jamais fait de cadeaux aux artistes et ceux-ci créèrent des réseaux pour faire circuler l’information sous forme d’art. Ces messages codés donnaient des nouvelles des artistes et de la situation politique des pays. A contrario du premier exemple, les enveloppes n’étaient pas décorées, mais avait une distinction qui faisait que le courrier était identifiable. L’important était dans l’enveloppe : un message codé pour faire comprendre à son interlocuteur ce que l’on vit.  

Aujourd’hui cette pratique existe toujours sous forme de réseaux. Certains sont politiques d’autres non. Mais les principes de base n’ont pas évolué. Ils sont anarchistes.
Un artiste décide de créer un événement sur un sujet. Il rédige  la proposition par un appel à un réseau d’amis. Celle-ci est transmise à d’autres réseaux, ceux-ci n’étant pas étanches. Sur cet appel est noté la date de fin de réception des envois, la date de l’exposition et la précision que les participants recevront le nom et adresse de tous les participants. La totalité des œuvres reçues est obligatoirement exposée si celles-ci sont dans le thème et devient la propriété de celui qui a organisé l’exposition. Ainsi un non initié peut retrouver son travail à côté d’un artiste internationalement connu.

Les profils des artistes inscrits dans cette pratique sont multiples. Certains ne font que cette pratique et refusent d’être dans les circuits marchands. D’autres pratiquent cet art tout en étant dans des circuits d’art expérimentaux. La dernière catégorie est celle des artistes connus vendant dans des circuits qui acceptent soit à cause du thème soit par sympathie pour l’organisateur de participer à une exposition. Pour des lecteurs du Monde Libertaire qui souhaitent pratiquer cet art plusieurs adresses[4] sont mise en référence.
Il n’y a aucun échange marchand et la circulation des œuvres se fait au rythme des expositions.

La poésie visuelle[5] elle a toujours été pratiquée depuis les calligrammes de Guillaume Apollinaire. Sans pouvoir s’imposer comme genre à part entière, elle était présente chez les dadaïstes et les lettristes. L’importance de la présence de la lettre et de l’écrit est la règle. La lettre et l’écrit deviennent objet plastique et sont objet de manipulations et de transformations esthétiques. Quelques manifestations[6] en France et quelques ouvrages traitent de cette pratique. L’intentionnalité esthétique prime sur l’intentionnalité du contenu. Certaines œuvres comportent des messages politiques ou humoristiques voir les deux. Certaines n’utilisent que la lettre comme médium. D’autres mêlent des images glanées sur les médias ou les réseaux sociaux avec des phrases.   D’autres encore travaillent sur la disparition des phrases ou de la lettre.

Ceux qui la pratiquent aujourd’hui sont dans la suite logique du mouvement Fluxus[7] et des réseaux de mail-art. La grande majorité des artistes qui exposent se référent ou viennent de ces deux pratiques. C’est donc sur les cendres des avant-gardes que cette pratique artistique libertaire perdure. On peut trouver dans un lieu ou un autre en France des expositions personnelles d’artistes avec comme thème la poésie visuelle. Les expositions collectives et les liens théoriques manquent cruellement en France[8]car cette pratique artistique est très minoritaire.

Les principes de fonctionnement sont les mêmes qu’en art postal, mais pour la poésie visuelle il y a une sélection plus grande. La qualité artistique doit être plus importante. Certains appels précisent la taille de l’œuvre et la qualité du papier par exemple. Elle n’admet les pratiques amateurs que de manière minoritaire, mais comme pour l’art postal, la règle est de proposer à voir tout ce qu’on a reçu. Cette pratique est une école de l’humilité : des artistes mondialement connus offrent leurs œuvres à des lieux ou des initiatives expérimentales et acceptent d’être exposés avec des novices.

La poésie visuelle comme genre est une pratique artistique ultra confidentielle en France.  Nuire[9] est la seule revue régulière qui lui est entièrement dédiée (un numéro les années paires et deux numéros les années impaires). La revue DOC(K)S créé par Julien Blaine  est aujourd’hui dirigé par les plasticiens Philippe Castellin et Jean Toregrossa et n’a plus de parutions régulières.

Plus loin, en Italie, Carla Bertola & Alberto Viatacchio éditent Offerta Speciale et Franceco Aprile  gère le site exhaustif Utsanga[10]. Au Japon, c’est autour de la revue δ de Shin Tanabe que se diffuse cette esthétique. Elle est répandue en Amérique Latine avec un point d’encrage très fort au Brésil. Mais la plus grande réussite dans ce domaine est la collection C’est mon DADA chez Red Fox press en Irlande, une collection exclusive de livres sur la poésie visuelle et le mail-art, 144 titres parus à ce jour.

Il y a dans ces deux pratiques artistiques le refus des circuits marchands, la recherche et l’exploration du travail en réseaux, la gratuité des échanges, un vrai maillage a-narchiste. Elles se posent parmi les plus libertaires. Bien des certains artistes anarchistes n’ont aucune pratique dans ces deux esthétiques. Des artistes anarchistes qui ont des pratiques différentes sont dans les circuits marchands comme des anarchistes convaincus peuvent être salariés.

Bien des artistes anarchistes n’ont aucune pratique dans ces deux esthétiques. Ils se retrouvent donc confrontés aux circuits marchands comme des anarchistes convaincus peuvent être salariés. Il y a dans la poésie visuelle et l’art postal le refus des circuits marchands, la recherche et l’exploration du travail en réseaux, la gratuité des échanges, un vrai maillage a-narchiste. Ainsi, elles se posent parmi les formes les plus libertaires.


[1]  L’Internationale Situationniste : « 1957 -1972 » de Juin à Août 2007.Musée Tinguely Bâle

[2] Guy Debord, un art de la guerre, Bibliothèque Nationale de France, quai François Mauriac, Paris 13e du 27 mars au 13 juillet 2013

[3] Le présent article ne permettra pas de s’étendre longuement pour plus de référence sur le sujet : Le premier de Julien Blaine pour le colloque Art et Anarchie à l’occasion des dix ans de Radio Libertaire Itinéraire sous forme historique in art & anarchie actes du colloque co-éditions Via valériano/La vache folle. Le second article est de Daniel Daligand Mail – Art art postal in Art&Anarchie N° 2 la revue du groupe John Cage de la Fédération Anarchiste. Ces deux ouvrages sont disponibles à PUBLICO et sur le site des éditions Paraules http://www.editions-paraules.com/

[4] Plusieurs groupes Facebook :  https://www.facebook.com/mailartprojects https://www.facebook.com/iuomanetwork/ … Et le site de l’international des mails artistes https://iuoma-network.ning.com/

[5] visual poetry en anglais, poesie visive en italien, fonnkèr pou lo zié en créole

[6] Poésure et peintrie Catalogue de l’exposition du même nom aux musées de Marseille 1998

Art Action 1958 1998 Les éditions interventions Québec/Nèpe France 2001

Vers la poésie totale Adriano Spatola Traduit de l’italien par Philippe Castellin Ed Via Valériano Marseille 1993. Du même Philippe Castellin DOC(K)S mode d’emploi Editions Al Dante 2002. C’est l’histoire de la revue créée par Julien Blaine et qui est la revue de référence en France et à l’internationale pour la poésie visuelle et expérimentale.

[7] Initié par George Maciunas, qui en inventa également l’appellation, Fluxus participe aux questionnements soulevés par les formes d’arts qui voient le jour dans les années 1960 et 1970 : statut de l’œuvre d’art, rôle de l’artiste, place de l’art dans la société, notamment. L’humour et la dérision sont placés au centre de la démarche et participent à la définition de Fluxus comme un non-mouvement, produisant de l’anti-art ou plutôt un art-distraction4.

[8] La seule biennale que je connaisse en France est celle que j’organise toutes les années impaires en juin juillet. En 2021 aura lieu la sixième biennale internationale de poésie visuelle d’Ille sur Tet. Elle se déroule à El taller Treize. https://poesievisuelletreizegalerie.blogspot.com/

[9] Nuire est la revue de la biennale internationale de poésie visuelle d’Ille sur Tet.

[10] https://www.utsanga.it/

De la diffusion de l’art comme acte militant Par André Robèr

Dossier « Des composantes existentielles de l’engagement libertaire »

Au début des années 2000, j’ai été invité à intervenir pour parler du mouvement anarchiste français et de mon engagement militant lors d’une rencontre à Nosotros dans le quartier d’Exárcheia à Athènes.

Outre leur incompréhension du mouvement anarchiste français, les anarchistes grecs ont aussi des formes de luttes plus violentes. Il y avait aussi des interrogations sur mon engagement personnel. Se revendiquer de l’anarchisme en ayant comme référence Max Stirner, John Cage, Armand Robin, Merce Cunningham, Félix Fénéon et Gustave Courbet entre autres, ce n’était pas simple dans le bastion de la gestion directe de ce quartier d’Athènes. Je ne pouvais que m’incliner devant la réussite de la gestion des espaces et du quartier lui-même. Depuis, malheureusement le dernier gouvernement grec a tout mis en œuvre pour y faire disparaître toutes les expérimentations anarchistes.

Les yeux de mes interlocuteurs s’écarquillaient : comment avec de telles pratiques militantes peut-on se revendiquer de l’anarchisme ? Comment estimer que l’on est anarchiste si l’affrontement avec l’état ou le patronat n’est pas frontal ? Il fallait démontrer que la réappropriation de la création par l’individu, voire le collectif, était aussi important que la lutte des classes. Ce n’était pas le moment d’évoquer les processus qui pouvaient conduire l’individu à la création, ce cheminement pouvant être vécu par certains comme trop éloigné de leur doctrine anarchiste.

Et là Leonidas Christakis1, poète, brandit l’arme de déstabilisation massive. Il me demande si je me considère comme un activiste. La réponse de ma part était limpide : oui de mon point de vue, j’en étais un. Il avait compris, lui le poète, que si l’action directe ou le communisme libertaire sont des armes indispensables, la création et l’art le sont tout autant.

Ceci mit un terme aux attaques d’une bonne partie de l’assemblée qui eut alors une écoute plus fine de mes propos. Ces pratiques douteuses aux yeux de ces anarchistes grecs le sont tout autant aux yeux de certains de mes compagnes et compagnons français.
Il est vrai que mes pratiques militantes sont paradoxales. Au nom d’une vision de l’anarchisme et de la volonté de diffuser celle-ci, je m’adresse davantage à des non-sympathisants du mouvement anarchiste, à une frange intellectuelle qui va de la gauche en passant par la gauche radicale et les milieux indépendantistes catalans ou réunionnais jusqu’aux mouvements libertaire et anarchiste bien sûr.

Gérer les paradoxes avec son éthique

Dans le militantisme, je crois qu’il est important de montrer et de démontrer ; de faire et de pratiquer. C’est pour cela que je me suis trouvé malgré moi à être sur le devant de la scène pour défendre le créole réunionnais au travers d’une maison d’édition2 que j’ai créée en 1999 pour défendre la langue et l’écriture du créole réunionnais, ma langue maternelle. Il n’y a jamais eu d’ambiguïté sur l’origine de l’émetteur puisque le K était celui de Kréol et le A celui d’Anarchie. Vingt ans ont passé et la maison devenue trop importante pour être gérée hors du territoire de la langue a été donnée à des jeunes sans rapport avec mes idées. Il restera dans l’histoire de cette maison d’édition et de l’édition réunionnaise3 qu’un Réunionnais anarchiste individualiste émigré en France a réussi ce qu’aucun collectif militant réunionnais n’avait pu faire auparavant.

Un lieu, un public des esthétiques à défendre

Il était aussi important pour moi de centrer mes pratiques autour d’un lieu4 que j’ai créé ainsi que d’un festival de poésies5 et d’une biennale internationale de poésie visuelle6.

Transformer mon atelier en lieu d’exposition temporaire était l’objectif premier. Défendre des esthétiques anarchistes était le suivant. Si le premier objectif était relativement facile à mettre en œuvre, le second passa d’abord par une revue annuelle Art et Anarchie7. Elle a essayé de mettre en lumière certaines esthétiques anarchistes8 et d’offrir des propositions artistiques qui relèvent de ces esthétiques, mais dont l’intentionnalité anarchiste n’est pas forcément accessible a priori.

Cette revue s’arrête en 2014, mais je continue d’organiser des expositions, rencontres… autour de trois de ces esthétiques : l’art brut dont le positionnement anarchiste est évident, mais aussi l’art postal et la poésie visuelle qui sont à mes yeux deux piliers des esthétiques anarchistes.

A El taller (13) Treize9 a été organisé la 5e Biennale d’art postal en 2018. L’art postal est la pratique la plus anarchiste de l’art mais elle demande de la rigueur et une grande disponibilité. Je n’organise plus ces expositions même si je pratique toujours l’art postal.

Mon énergie se concentre sur la poésie visuelle. Transparente de la scène artistique française, la poésie visuelle a trouvé refuge chez moi à Ille sur Têt. C’est peut-être aussi l’inverse, mais à la fin de la revue Art et Anarchie il m’a paru important de me polariser sur une des esthétiques anarchistes. J’ai choisi la poésie visuelle. La poésie visuelle10 a toujours été pratiquée depuis les calligrammes de Guillaume Apollinaire. Sans pouvoir s’imposer comme genre à part entière, elle était présente chez les dadaïstes et les lettristes. L’importance de la présence de la lettre et de l’écrit est la règle. La lettre et l’écrit deviennent objets plastiques et sont objets de manipulations et de transformations esthétiques. Quelques manifestations en France et quelques ouvrages traitent de cette pratique11. L’intentionnalité esthétique prime sur l’intentionnalité du contenu. Certaines œuvres comportent des messages politiques ou humoristiques, voire les deux. Certaines n’utilisent que la lettre comme médium. D’autres mêlent des images glanées sur les médias ou les réseaux sociaux avec des phrases chocs. D’autres encore travaillent sur la disparition des phrases ou de la lettre.

Ceux qui la pratiquent aujourd’hui sont dans la suite logique du mouvement Fluxus12 et des réseaux de mail-art. La grande majorité des artistes qui exposent se référent ou viennent de ces deux pratiques. C’est donc sur les cendres des avant-gardes que cette pratique artistique libertaire perdure. On peut trouver dans un lieu ou un autre en France des expositions personnelles d’artistes avec comme thème la poésie visuelle. Les expositions collectives et les liens théoriques manquent cruellement en France13, car cette pratique artistique est très minoritaire.

Les principes de fonctionnement sont les mêmes qu’en art postal, mais pour la poésie visuelle il y a une sélection plus grande. La qualité artistique doit être plus importante. Certains appels précisent la taille de l’œuvre et la qualité du papier par exemple. Elle n’admet les pratiques amateurs que de manière minoritaire, mais comme pour l’art postal, la règle est de proposer à voir tout ce qu’on a reçu. Cette pratique est une école de l’humilité : des artistes mondialement connus offrent leurs œuvres à des lieux ou des initiatives expérimentales et acceptent d’être exposés avec des novices.

La poésie visuelle comme genre reste une pratique artistique ultra-confidentielle en France.

Une revue et un lieu

La création d’une revue pour accompagner la Biennale internationale de poésie visuelle était indispensable. J’ai donc créé la revue Nuire consacrée uniquement à cette pratique artistique. D’abord édité par les éditions K’A, elle est depuis publiée par les éditions Paraules14. Elle est la vitrine de la Biennale internationale de poésie visuelle d’Ille-sur-Têt. Elle permet des confrontations artistiques internationales sur ce genre. Nuire15 est la seule revue régulière qui est entièrement dédiée à la poésie visuelle (un numéro les années paires et deux numéros les années impaires).

El taller (13) Treize, lui, est un espace où je défends des esthétiques anarchistes, l’art brut et ses dérivés, la poésie visuelle, la poésie action, la poésie, quelques fois la chanson, et plus encore…S’il est référencé comme lieu d’expérimentation artistique, les initiés savent rapidement à qui ils ont à faire. Certains adoptent le lieu, s’étonnant de trouver ces genres de propositions artistiques si loin des grandes villes. El taller Treize s’est taillé une réputation et a un public fidèle qui s’élargit régulièrement.

C’est donc au travers de ces outils, l’édition, les expositions et des manifestations artistiques, que je mets en pratique mon anarchisme. Cette pratique consiste à mettre à disposition d’un public et d’artistes des outils d’émancipation afin d’irriguer le tissu local de propositions novatrices : le rayonnement de la pratique artistique comme moyen d’émancipation. Et chaque fois que je pose mes actes, je ne peux oublier que si nous avons encore le musée du Louvre, c’est grâce à Gustave Courbet et que si nous avons les impressionnistes, c’est grâce à Félix Fénéon. Cela guide mon cheminement pour que mon travail de partage an-archiste se poursuive au travers des outils que j’ai construits.

André Robèr

Ille-sur-Têt, 27 mai 2020

André Robèr, écrivain, poète, éditeur et peintre, est né en 1955 sur l’Île de la Réunion et vit aujourd’hui dans les Pyrénées-Orientales. Il est militant du groupe John Cage de la Fédération Anarchiste.

1 Voir la courte biographie en anglais de Leonidas Christakis (1928-2009), site Libcom.org, 2 mai 2009 : https://libcom.org/news/leonidas-chtistakis-counterculture-antiauthoritarian-figurehead-dies-aged-81-athens-0205200.

2 Les Éditions K’A, http://editionska.com/ ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Éditions_K’A.

3 On peut lire l’histoire cette maison d’édition dans un ouvrage intitulé Éditeurs militants. Histoires de l’édition militante à la Réunion, sous la direction de Lékip K’A, Éditions K’A, 2019 ; ce sont les Actes du Sobatkoz (débat) organisé le 24 octobre 2014 au Théâtre Les bambous à Saint Benoît de la Réunion.

4 El taller (13) Treize, Atelier galerie de André Robèr, créé en 2009 : 13 rue sainte croix 66130 Ille-sur-Têt.

5 L’illa dels poetes, Festival de poésie créé en 2019, unique festival de poésie dans le département 66.

6 Biennale internationale de poésie visuelle d’Ille-sur-Têt, crée en 2013 et ayant lieu les années impaires, voir https://poesievisuelletreizegalerie.blogspot.com/. En 2021, nous vivrons la 5e édition. Seule Biennale de poésie visuelle du département 66 et de la France aussi, unique dans sa longévité et dans son indépendance vis-à-vis des institutions.

7 Art et Anarchie, revue annuelle du groupe John Cage de la Fédération Anarchiste, 5 numéros parus de 2010 à 2014, http://arTêtanarchie.com/la-revue-art-et-anarchie .

8 Voir « La poésie visuelle et l’art postal deux esthétiques anarchistes »pour Le Monde Libertaire de l’été 2020.

9 Cf. note 3.

10 Visual poetry en anglais, poesie visive en italien, fonnkèr pou lo zié en créole.

11 Voir Poésure et peintrie, Musées de Marseille, 1993, catalogue de l’exposition du même nom aux musées de Marseille des 12 février-23 mai 1993, et Art Action : 1958-1998, Richard Martel (éd.), Québec/Nèpe France, Les Éditions Intervention, 2001, et Vers la poésie totale d’Adriano Spatola, traduit de l’italien par Philippe Castellin, Marseille, Éditions Via Valérian, 1993. Du même Philippe Castellin, voir aussi DOC(K)S mode d’emploi, Marseille, Éditions Al Dante, 2002 ; c’est l’histoire de la revue créée par Julien Blaine, qui est la revue de référence en France et à l’international pour la poésie visuelle et expérimentale.

12 Initié par George Maciunias (1931-1978) qui en inventa également l’appellation, Fluxus participe aux questionnements soulevés par les formes d’arts qui voient le jour dans les années 1960 et 1970 : statut de l’œuvre d’art, rôle de l’artiste, place de l’art dans la société, notamment. L’humour et la dérision sont placés au centre de la démarche et participent à la définition de Fluxus comme un non-mouvement, produisant de l’anti-art ou plutôt un art-distraction.

13 La seule Biennale que je connaisse en France est la Biennale internationale de poésie visuelle d’Ille-sur-Têt. Elle se déroule à El taller Treize.

14 À l’origine Paraules était une collection des éditions K’A. Elle publiait tout ce qui n’était pas en créole et ne traitait pas des problématiques indo-océaniques. En 2018, elle devient une maison d’édition et publie essentiellement des textes des poètes se produisant à L’Illa dels poetes (cf. note 4) ainsi que des monographies d’artistes de Catalogne (voir https://fr-fr.facebook.com/editionsparaules/ ).

15 Nuire est la revue de la Biennale internationale de poésie visuelle d’Ille-sur-Têt (voir https://www.facebook.com/revuenuire/ ).